La Peinture des mots

Subjectivement, ce que ça vaut :

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Mathilde Lévesque est une professeure de lettres pas comme les autres. Durant des années, elle a pris note de chaque mot prononcé par ses élèves de seconde et de première. Dans Figures stylées, son deuxième ouvrage, elle décortique la rhétorique de ces chers chérubins. Elle trouve les figures de style cachées dans des phrases aussi quelconques que : « J'ai le seum mais de nouvelles baskets » ou « Wesh, gro ! » (Au passage, le deuxième mot, « gro », n’est pas une abréviation de « gros », son homonyme). Et c'est franchement incroyable et magnifiquement bien fait. Un détail non négligeable est l'humour tordant et grinçant de Mathilde Lévesque qui emporte le lecteur dans des fous rires interminables. De l'épizeuxe à l'hypallage en passant par le par'hyponoian, la litote et l'adjectif hypocoristique, ce livre est un exploit de vulgarisation grammaticale : les informations entrent et ne ressortent pas, tout comme les souvenirs des bons moments passés les yeux rivés sur les pages de l'ouvrage. Enfin, l'autrice distille de petits conseils d'utilisation pour bien choisir son auditoire et le moment convenable pour réaliser chaque figure.
Maintenant que nous avons essayé tant bien que mal de présenter le concept de ce livre, il est temps de résumer : Figures stylées est un livre tendre, moderne, connecté, toujours jaugé au millimètre près, pratique, conseiller, complet, attachant, d'une autrice attachante, avec des personnages attachants, et surtout hilarant. À se procurer immédiatement et à répandre joyeusement dans toute la famille pour Noël.

 

Un petit extrait choisi avec soin (et brio !) :

« L'interrogation rhétorique est une question qui n'attend pas de réponse – ce qui remet en cause, vous l'avouerez, la fonction-même de la question. Elle se rencontre sans difficulté dans les couloirs ou dans la cour...
« "T'es sérieux ? T'as cru que j'étais ton pote ? Nan mais t'es sincère ? Sérieux, tu crois que je vais te calculer, là ?"
« L'ensemble de ces questions est en réalité une affirmation déguisée : « Tu ne m'intéresses pas, passe ton chemin. » Il serait en effet fort cocasse mais incongru d'imaginer l'interlocuteur répondre consciencieusement à chacune de ces questions.
« Certaines questions ont fini par devenir rhétoriques, en raison de l'affaissement du « vivre ensemble ». C'est le cas notamment du « Salut, ça va ? » que l'on vous adresse le matin en vous croisant. Dieu merci personne n'a jamais répondu « Bof, je suis à deux doigts de me jeter par la fenêtre », car au moment où vous répondez votre interlocuteur est déjà loin. »

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Notre note : 10/10