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Les Mots du bitume

Les Mots du bitume

De Rabelais aux rappeurs, petit dictionnaire de la langue de la rue

Aurore Vincenti Préface d'Alain Rey

Les Mots du bitume

Argot(s)

Dictionnaires (de travers)

Mots

Objectivement, ce que ça vaut...

« Esgourdez, gonzesses et mectons, la jactance malfrate qui s’entifle dans le gourbi de la jaspinance franchouillarde super. » On ne le dira jamais assez, mais en quelques années, l’argot a bien changé ; et on ne le dira jamais assez, bien qu’il ne soit qu’éphémère, il changera éternellement. Aujourd’hui, les meufs et les mecs ont remplacé les gonzesses et les mectons et le franchouillard est devenu ringard. C’est fou de voir à quel point on ne parlait pas hier la même langue qu’aujourd’hui. Car, jusqu’à preuve du contraire, elle n’a que ça à faire, la langue, fourcher et évoluer. Et s’il y a bien un domaine — que dis-je — un registre qui évolue particulièrement vite, c’est bien l’argot, ou plutôt les argots, car celui de la marine n’est pas celui de l’Est parisien.

Si le mot d’argot tourne si facilement et atteint si rapidement sa date de péremption, c’est parce qu’au bout d’un moment, il n’est plus un mot d’argot. Il se banalise, entre dans les mœurs, s’installe dans les médias comme une gangrène qui se métastase dans tous les sens, bref, il devient trop célèbre au point que tout un chacun est capable de le comprendre. Car oui, ne l’oublions pas, l’objectif premier de l’argot est de contourner la langue française, d’outrepasser un tabou, de ne rien dire en pensant tout, de cacher, de camoufler des messages secrets. Tiens donc ! Les trois domaines-phares où l’on retrouve l’argot de manière la plus abondante : les insultes, la drogue et le sexe. Que des thèmes dont on ne parle pas à table…

C’est cette éphémérité, mais aussi la spontanéité des termes argotiques — « mots du bitume » pour reprendre son appellation — que la linguiste et journaliste Aurore Vincenti a tenté de saisir pendant quatre ans sur France Inter, dans ses chroniques à succès « Qu’est-c’que tu m’jactes ? » dans lesquelles elle consigne le fruit de ses déambulations dans les rues, de petites baies qu’elle a collectionné progressivement et soigneusement comme certaines ou certains collectionneraient des papillons, des timbres, des coquillages ou des nains de jardin. Elle nous aide à capter dans ces mots qui peuvent parfois sembler violents, barbares, secs, gutturaux (askip, bsahtek, hess, tchoin…) « le panache qu’il y [a] à cracher des obscénités », une préciosité cachée, une histoire méconnue, une anecdote croustillante. Elle nous aide à ouvrir les yeux et les portes d’un monde différent, d’une langue déliée, partagée, rebelle et bien pendue, une langue affranchie des saints dictionnaires, au-delà des règles compliqués et contraignantes du français. Elle nous aide à comprendre l’inventivité dont font preuve les rappeur·se·s en créant de nouveaux mots pas piqués des hannetons, aux origines étranges, diverses, multiples et bien souvent floues. Elle nous aide à détruire l’aura si négative qui nimbe depuis toujours les argots prétendument « des jeunes » que l’on accuse successivement de tuer le français, d’abrutir ses utilisateur·rice·s et de milliers d’autres crimes et insensés.

Cet ouvrage de deux-cents pages est le recueil des quatre-vingt-dix-huit meilleurs épisodes de « Qu’est-c’que tu m’jactes ? » (donc, honnêtement, à quoi bon l’acheter puisque l’on peut réécouter les chroniques gratuitement ?) agrémentés de citations, de petits encadrés joviaux et déjantés sur l’étymologie, l’usage ou l’histoire, de coups de gueules féministes et anti-homophobes, de vannes plus ou moins désastreuses mais toujours bien placées… Les Mots du bitume est un livre moderne, décalé, drôle, original, agréable, fluide, osé, à la fois très scientifique et très simple… Bref, il cumule les qualités et change des adages habituels et lassants. Car n’oublions pas que le lieu de créativité linguistique le plus actif est et restera éternellement la rue ; mais aussi que le meilleur moyen de tuer une langue, c’est de vouloir la figer.

« Nous, on est les biatchs du ter-ter, hypes, trop fraiches. On est les reines de la punchline, on a mis le faya au studio 621, même quand la veille on avait fumé la race deter, qu’on était die, quand on avait mal aux veuch, on était là, et on f’sait l’taf. Et croyez-moi, c’était pas pour le bif, c’était pas pour la moula, non, c’était pour le swag. » — Extrait de la dernière de « Qu’est-c’que tu m’jactes ? »

Ma note :

9/10

Public conseillé : toutes les personnes ouvertes d’esprit, tolérantes, prêtes à être confrontées à des blagues quelque peu « olé-olé » (mais vraiment quelque peu).

Public déconseillé : toutes les personnes qui, malheureusement, ne savent pas lire (bien entendu) ; toutes les personnes n’aimant ni l’anglais, ni l’arabe, ni le romani, ni les adolescent·e·s… Bref, Éric Zemmour.

Quelques informations

Quelques informations

Titre du livre : Les mots du bitume

Sous-titre du livre : De Rabelais aux rappeurs, petit dictionnaire de la langue de la rue

Nom de l’autrice : Aurore Vincenti ; préface d’Alain Rey

Détails sur l’autrice et le préfacier :

Aurore Vincenti est linguiste et journaliste, ancienne voix radiophonique dans le « Cinq Sept du weekend », « Agora » puis dans le « Six Neuf » de France Inter avec sa chronique hebdomadaire, « Qu’est-c’que tu m’jactes ? » sur les argots et les mots de la rue puis sur les expressions imagées. Elle a aussi présenté « Les mots d’Aurore » dans « Je t’aime etc. » sur France 2. De plus en plus connue et reconnue, elle est souvent du débat lorsqu’il s’agit de défendre l’abondante richesse des langues nouvelles et des argots. Les Mots du bitume est son premier et unique livre à ce jour.
Alain Rey est un véritable vétéran de la langue française. Né en 1928, il répond en 1952 à une annonce de Paul Robert qui cherche des linguistes pour son dictionnaire. Très vite, Alain Rey prend la direction des différences éditions du Robert, poste auquel il est toujours. Entre 1993 et 2006, il présente sur France Inter « Le mot de la fin », puis « Démo des mots » sur France 2 entre 2004 et 2005. Il a été nommé Commandeur des Arts et des Lettres, Officier puis Chevalier de la Légion d’Honneur…

 

Édition du livre : Le Robert

Collection du livre : Les mots de la rue

Date de parution : le 5 octobre 2017

Prix (en France métropolitaine) : 12,90 €

Format : 14 × 21 × 1,3 cm

Masse du bouquin : 310 grammes

Prix en version numérique : 9,99 €

Taille en version numérique : 43,3 Mégaoctet

ISBN (numéro d’identification du livre) : 978 - 2 - 321 - 01116 - 3

Nombre de pages : 223 pages

Suppléments
Dans les médias

Dans les médias

    TV 5 monde (Linda Guiguère)
« J’ai dit que j’ai kiffé parce que cet ouvrage nous donne en fin l’explication — et même l’histoire — de tous ces mots qu’on entend souvent sans vraiment en connaitre le sens exact et sans oser demander puisque tout le monde a l’air de piger. C’est donc en soum-soum (à l’abri des regards) que je me suis enjaillé (que je me suis fait plaisir).
(…)
Tous ces mots, on les retrouve dans les textes des rappeurs ; ça nous donne Les Mots du bitume, c’est un ouvrage édité par Le Robert et qui ouvre les portes d’une langue qui se construit, qui se renouvelle. »
Voir la critique complète :
https://langue-francaise.tv5monde.com/decouvrir/devenir-expert/lhumeur-de-linda/les-mots-du-bitume

    Europe 1 et France Info (alors oui, je sais que c’est très bizarre, mais la critique est exactement la même sur les sites des deux médias, et datent en plus du même jour)
« On ne verra jamais mon « igo » se déplacer sans sa « gova ». Si le sens de cette phrase vous semble obscur, il est temps de se plonger dans Les mots du bitume, un petit dictionnaire tonique de la langue de la rue.
(…) Un « igo » c'est un ami. La « gova » une voiture. Ces mots et un tas d'autres, reflets d'une langue impertinente qui court les villes, les banlieues et leurs rues, ont été rassemblés par la linguiste et lexicographe Aurore Vincenti, spécialiste des évolutions de la langue française. La linguiste, connue notamment pour ses chroniques « Qu'est-c'que tu m'jactes ? » sur France Inter, ne se contente pas de donner les définitions de mots comme « seum » (dégoût), « swag » (style) ou « enjailler » (séduire) mais raconte aussi, avec rigueur et malice, leur histoire. »
Voir la critique complète :
https://www.europe1.fr/culture/igo-gova-askip-les-mots-du-bitume-ont-desormais-leur-dictionnaire-3453527 ou https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/la-linguiste-aurore-vincenti-decrypte-l-039-argot-de-la-banlieue-dans-quot-les-mots-du-bitumequot_3356925.html

    Dicopathe
« S’il y a bien une chose qui saute aux yeux lorsqu’on collectionne les dictionnaires, c’est l’évolution constante de la langue.
(…)
Linguiste et journaliste, Aurore Vincenti s’est penchée sur cette langue « alternative », à laquelle elle donne la jolie dénomination de « mots du bitume ». Pour elle, en ce qui concerne la langue française, « il n’y a pas d’espace où la créativité est plus forte que dans la rue », et ce depuis des siècles, comme entend le démontrer le sous-titre du livre : De Rabelais aux rappeurs, petit dictionnaire de la langue de la rue.
(…)
Quoi qu’il en soit, si les mots askip, seum, enjailler, swag, marave, khey, miskine, boloss, schneck, bicraver, bédo, chiller… vous semblent bien ésotériques, vous pouvez désormais consulter ce tout nouveau dictionnaire (…). »
Voir la critique complète :
https://www.dicopathe.com/les-mots-du-bitume/

    RTS (Radio Télévision Suisse)
« Et si les murs vous chuchotaient l'avenir ? Et la rue, le présent ? Aurore Vincenti, linguiste passionnée et passionnante, a attrapé ces mots contemporains pour en faire un dictionnaire de l'époque et un vade-mecum du temps présent. Du vocabulaire des cours de lycée aux textes de rappeurs, en passant par Rabelais, tout ici est analysé avec humour et érudition. Un grand petit Robert. »
Voir la critique complète :
https://www.rts.ch/play/radio/versus-lire/audio/aurore-vincenti-les-mots-du-bitume?id=9993638

    RTS (Radio Télévision Suisse) (oui, ils ont fait deux critiques)
« Ce dictionnaire passionnant poursuit et affirme son exploration linguistique de cette langue encore considérée à tort comme pauvre. A l’écouter et à la lire on comprend l’étendue des préjugés et de l’ignorance qui entourent la question de la préservation de langue française. Car il y a plusieurs manières de garder une langue vivante. La première évidemment est de la parler et de la pratiquer en respectant sa grammaire, son orthographe. Mais la vitalité d’une langue tient aussi à sa capacité d’évoluer, de se réinventer, de se métisser aussi, quitte à faire hurler les puristes.
(…)
Inutile donc de s’affoler sur un présumé appauvrissement. La linguiste nous prouve bel et bien que le rap est un laboratoire, un espace où les mots de la rue s’éprouvent et se partagent, et surtout un genre en pleine évolution, en passe d’être dans le futur un genre littéraire à part entière. »
Voir la critique complète :
https://www.rts.ch/info/culture/10034035-avec-les-mots-du-bitume-la-langue-de-la-rue-trouve-son-dictionnaire-.html

    La bibliothèque du médiateur (de Radio France)
« Les mots du bitume rassemblent des définitions et citations de mots recueillis par Aurore Vincenti dans ses chroniques. Un dictionnaire vivant qui met à l’honneur le vocabulaire du rap et de la langue de la rue.
Aurore Vincenti, linguiste et journaliste, est rapidement séduite par la langue verte, la langue de la rue que l’on retrouve dans le rap par exemple. Durant 4 ans, elle a tenu la chronique hebdomadaire « Qu’est-c’que tu m’jactes ? » dans la matinale de France Inter. Chaque semaine, un mot d’argot était passé au crible.
(…) En racontant cette langue confusément dite « des jeunes », elle débusque la beauté et l’histoire parfois complexe cachée derrière des mots comme « soum-soum », « bail », « seum » ou encore « askip ». Habillés dans les textes des plus grands rappeurs modernes — Booba, Oxmo Puccino, Nekfeu… Les mots du bitume nous ouvrent les portes d’un monde bouleversé par les passions d’une langue qui se construit et se partage. »
Voir la critique complète :
http://mediateur.radiofrance.fr/la-bibliotheque-du-mediateur/mots-bitume-de-rabelais-aux-rappeurs-petit-dictionnaire-de-langue-francaise/

    Le Figaro
« La langue de la rue serait-elle l'apanage des cités et de la périphérie ? Absolument pas selon Aurore Vincenti. L'auteur redonne ses lettres de noblesse à ces mots populaires qui font la richesse de notre langue dans son croustillant abécédaire Les mots du bitume. »
Voir la critique complète :
http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/2017/12/06/37002-20171206ARTFIG00029-aurore-vincenti-booba-est-un-faiseur-de-mots.php

Le mot de l'autrice

Le mot de l'autrice

    Une interview d’Aurore Vincenti dans « Bonjour la France » sur Europe 1 : https://www.europe1.fr/culture/igo-gova-askip-les-mots-du-bitume-ont-desormais-leur-dictionnaire-3453527

    Une interview d’Aurore Vincenti dans « Danse des mots » sur RFI : http://www.rfi.fr/emission/20171024-vincenti-aurore-mots-bitume-dictionnaire-langue-rue-rappeurs-rey

    Une interview d’Aurore Vincenti dans « Versus-lire » sur RTS : https://www.rts.ch/play/radio/versus-lire/audio/aurore-vincenti-les-mots-du-bitume?id=9993638

    Une interview d’Aurore Vincenti dans « Tribu » sur RTS : https://pages.rts.ch/la-1ere/programmes/tribu/10190478-tribu-du-18-02-2019.html

    Une interview d’Aurore Vincenti dans Le Figaro : http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/2017/12/06/37002-20171206ARTFIG00029-aurore-vincenti-booba-est-un-faiseur-de-mots.php

    Une courte vidéo de France Inter sur et avec Aurore Vincenti : https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/langage-les-mots-nes-dans-la-rue_2660004.html

    Le mot marquant de l’année 2017 selon Aurore Vincenti (France Culture) : https://m.youtube.com/watch?v=rfvfcTt3e50

    Une interview d’Aurore Vincenti sur le site Backpackerz : https://www.thebackpackerz.com/aurore-vincenti-jai-passe-5-ans-a-ecouter-rap-a-lire-genius/

    La page d’Aurore Vincenti sur le site de France Inter, où vous pourrez retrouver ses différentes chroniques (dans « Agora », « Qu’est-c’que tu m’jactes ? », et cætera…) : https://www.franceinter.fr/personnes/aurore-vincenti

    La chaine YouTube de « Je t’aime etc. » où vous pourrez retrouver « Les mots d’Aurore » (Vincenti, évidemment) : https://m.youtube.com/channel/UC1ifuXDkOL_jCrMo2W2psFQ?itct=CBkQ6p4EIhMI0MG1t9WG4wIVT7PVCh3ccgOW&csn=cyQTXce2BP-SmLAPrpizuA4&wlfg=true

    Une vidéo avec Aurore Vincenti sur le néologisme et l’évolution de la langue : https://m.youtube.com/watch?v=AzH1cTQ4OG4

    Une interview d’Aurore Vincenti dans La Croix : https://www.la-croix.com/Famille/Parents-et-enfants/Le-rap-porte-dentree-vers-litterature-2018-10-30-1200979655

    Une interview d’Aurore Vincenti dans « La Langue bien pendue », sur Remix Radio : https://www.remixradio.fm/podcasts/la-langue-bien-pendue-2-aurore-vincenti-128

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