Mot 22 : germanique volapük
- La Peinture des Mots
- 12 nov. 2018
- 2 min de lecture
Il était une fois, au XIXème siècle, un prêtre catholique allemand du nom de Johann Martin Schleyer. Une nuit, pendant une insomnie, Dieu lui demanda de créer une langue que l'on parlerait dans le monde entier. À la nitescence tremblante d'une bougie de cire, Johann s'exécuta. Il travailla pendant des jours et des nuits, il travailla pendant des mois sans arrêt et réussit enfin à achever l'ouvrage divin. Son livre parut en 1879. Dedans, il présentait la grammaire de l'idiome artificiel qui était né dans son pieux cerveau. Le volapük. Tout de suite, il eut une très vaste résonance. En quelques mois, déjà un million de volapükophones avaient germé dans toute l'Europe. Pendant sept ans, parler volapük était un signe de grande culture, de prestige et tout le monde voulait acquérir ce savoir. Cependant, le monde n'est pas tout de rose construit. Un concurrent ne tarda pas à arriver. Il s'appelait l'espéranto. Il ne suffit que de très peu de temps au volapük pour sombrer dans l'oubli le plus total...
Mais comment l'espéranto, créé bien après et par un homme russe beaucoup plus jeune, a-t-il pu détrôner un mastodonte incontournable comme le volapük ? Pour comprendre le pourquoi du comment, il ne faut pas oublier que son créateur, le très honorable Schleyer, était allemand et donc germanophone. N'oublions pas non plus que la langue allemande est réputée pour ses incongruités. En fait, le volapük fut, d'une certaine façon, créé pour des Allemands. La grammaire de cette langue était tarabiscotée et compliquée à souhait alors que l'espéranto était conçu pour être d'une facilité légendaire. Entre les conjugaisons et les déclinaisons, certains avaient du mal à se retrouver dans les méandres de la syntaxe volapükienne.
Et voilà comment le mot volapük, qui était formé des mots "vol" (monde) et "pük" (idiome) de ladite langue, prit le sens que l'on connaît actuellement, c'est-à-dire un langage incompréhensible. Mais après tout, c'est grâce aux erreurs que l'on arrive à un résultat satisfaisant. Alors, souhaitons bonne chance à Johann Martin Schleyer qui est peut-être, de l'autre côté du ciel, en train de mordiller la virole d'un crayon à papier, cherchant de l'inspiration pour créer une autre langue que vraiment tout le monde pourra parler.
Comments