Mot 35 : ragnarök prophétique

Il était une fois, un homme impressionnant. On l'appelait le Polymathe. Il vécut pendant soixante-sept ans mais eut le temps de faire de très, très grandes choses. Il fut à la fois peintre, homme d'esprit, organisateur de spectacles, scientifique, ingénieur, inventeur, anatomiste, peintre, sculpteur, architecte, urbaniste, botaniste, musicien, poète, philosophe, écrivain, et j'en passe. Très tôt dans son enfance, il fait preuve d'une très grande curiosité à propos de tout ce qui l'entoure. Tout l'intéresse. Et parmi ses plus grands passions, les caricatures et... l'écriture spéculaire, c'est-à-dire à l'envers. Et il utilisa ce don rare et inattendu dans nombre de ses oeuvres. Il réussit à cacher des mots, garder des secrets et passer des messages prophétiques à travers une oeuvre comme L'Homme de Vitruve, le cas le plus célèbre d'écriture en miroir. Mais trêve de blablas, revenons à nos moutons. Je vous parlais il y a quelques lignes de cela d'un message prophétique. Et vous avez bien lu. Aucun texte, aucune étude scientifique n'est jusqu'ici parvenue à expliquer le pourquoi du comment, mais Léonard de Vinci cachait bien des prédictions d'apocalypses dans ses tableaux. Et chaque fois, il trouvait un moyen différent de le faire passer, et chaque fois il trouvait une date différente. Un des cas les plus intéressants, mystérieux et méconnus de ces prédictions se trouve dans le tableau de La Cène, qui représente une scène apocalyptique où l'on reconnaît Dieu et ses invités. Eh bien figurez-vous qu'après des années de travail acharné, une chercheuse italienne est parvenu à bout de cette toile en trouvant le message caché, encore un message de fin du monde. Et selon le tableau, elle aura lieu le vingt-et-un mars 4006. Pourquoi cette date-ci est pas une autre ? Comment a-t-on trouvé la date précise ? Léonard de Vinci était-il en contact avec des puissances divines ou un homme venu tout droit du futur ? Nous n'en savons rien et la réponse ne semble pas vouloir s'extirper du sac de nœuds emberlificotés. Mais, je le sais, dans tous les esprits règne éternellement une question sans réponse, et c'est la nature-même de l'Humain que de se la poser : quand le monde va-t-il s'arrêter et comment ?

Pour vous, j'ai cherché, cherché, et je n'ai rien trouvé de très satisfaisant : toutes les hypothèses se ressemblent. Que ce soit un astéroïde venu de loin, une arme nucléaire dévastatrice, un volcan explosif, un réchauffement climatique exorbitant ou une épidémie due au charbon sorti de terre à cause de la fonte du permafrost, les idées sont les mêmes. Cependant, après avoir longuement cherché, j'ai trouvé une petite perle qu'il fallait absolument rajouter au collier des mots : le ragnarök. Il s'agit d'une légende nordique autour de laquelle flotte encore de nombreuses incertitudes et nébulosités. Son récit est à glacer le sang.

Selon le ragnarök, la fin du monde commencera par une terrible guerre entre les hommes. Les pères tueront leurs fils et les fils tueront leurs pères. Première série de morts : presque tous les hommes. Fenrir, un loup géant cracheur de feu sévira et dévorera le Soleil, la Lune, et les autres astres. Commencera alors le Fimbulvetr, un hiver de trois ans qui ne sera pas interrompu par un été. Pendant mille quatre-vingt-quinze jours, aucun rayon de soleil ne filtrera à travers les nuages et la seul source de chaleur qui maintiendra encore en vie les humains sera la colère de Fenrir et les flammes gigantesques et incandescentes qui brûleront le monde. Et pendant cet hiver torride et sans fin, se succéderont une série d'événements très problématiques : la terre tremblera, les montagnes s'écrouleront et les avalanches de pierre inonderont les flots. Fenrir sera alors définitivement déchaîné et provoquera un terrible raz-de-marrée ravageur. Les seuls survivants de cet hiver : quelques humains courageux. L'hiver terminé, ils construiront un bateau entièrement fait d'ongles découpés et prendront le large déferlant, à leurs risques et périls. Ils se feront ensuite consumer par Fenrir et c'en sera la fin. La vraie fin. La fin des dieux et des humains. La fin à jamais...