Mot 28 : catoblépas scindé
- La Peinture des Mots
- 27 nov. 2018
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Il était une fois, un homme féru de sciences, appâté par l'idée qu'un humain puisse avoir toutes les connaissances du monde. Malheureusement, ses pensées oniriques étaient bien trop ambitieuses pour être vraies. Alors, il entreprit autre chose, quelque chose d'encore plus grandiose : réunir le savoir humain dans un livre. Il s'appelait Pline l'Ancien. Il mit des semaines entières à le réaliser. Il consulta des centaines de livres différents afin d'y trouver les informations les plus importantes. Après plusieurs années de travail acharné, il posa la dernière goutte d'encre sur le papyrus et hurla "Eurêka !". L'encyclopédie était terminée. Grâce à l'ouvrage indispensable des archéologues, on put retrouver les traces de ce livre et on put le réécrire en entier : c'est ainsi qu'au XVème siècle, l'encyclopédie était constituée de trente-sept volumes, tous regroupées en catégories distinctes (mathématiques, physique, géographie, anthropologie, botanique et zoologie...)
Et c'est dans le huitième volume de cette encyclopédie géante qu'une curiosité qui ne manque pas de nous captiver s'est glissée. Dans la partie réservée à l'étude des animaux, on retrouve quelques lignes consacrées à un animal étonnant et chimérique : le catoblépas. Une bête à la fois mystique, passionnante est dangereuse...
Selon la légende écrite par Pline l'Ancien, cette imposante créature fabuleuse serait répandue en Éthiopie, sur le bord du Nil. Son corps serait imposant, lourd et poilu de noir. Un trait de caractère intéressant : le catoblépas serait un animal tellement bête qu'il serait susceptible de manger sa propre queue. Un signe distinctif permet de le reconnaître et de s'éloigner du danger : son cou. Il serait tellement fragile et fin que son incapacité à supporter une certaine masse qu'il serait contraint à rester courbé et orienter le regard du catoblépas vers le sol, ce qui a donner le nom de cet animal, formé à partit du grec antique κατά et βλέπω (à prononcer "kata" et "blépô", littéralement "qui regarde vers le bas"). Depuis quelques paragraphes déjà, je vous parle d'un danger évitable. Voici, en quelques mots, ce que vous encourez si vous avez le malheur de rencontrer un catoblépas : vous faire paralyser, transformer en pierre, et cela par le seul regard fou de la bête.
Depuis déjà des siècles et des siècles que la légende perdure, et on a toujours du mal à dire ce qui a pu inspirer à un érudit de l'envergure de Pline l'Ancien à la création de cet animal. Est-ce un bouc ? Un buffle ? Est-ce un loup ? Serait-ce une histoire comme celle de la bête du Gévaudan ? Est-ce un canular de la part de Pline ? On ne sait pas (encore). Mais ce dont on est absolument sûr, c'est que les histoires de Méduse et du Basilic ont participé au façonnage de la partie obscure du catoblépas, et qu'un peu d'imagination n'a jamais fait de mal...
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