Mot 12 : emphatique kakemphaton
- La Peinture des Mots
- 4 nov. 2018
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Ah ! Nous en connaissons tous, des adeptes de blagues pourries. Ils passent leur temps à saisir, au vol, toutes les opportunités de placer un petit jeu de mot, toujours à double tranchant, parfois un peu érotique, jamais amusant. Ils transforment les sonorités, parlent au sens figuré etc. Tous ces gens-là, qui se reconnaîtront dans ce portrait peu avantageux (exemple : la plume de cet article), ne savent pas forcément qualifier, donner un nom à leur art. Ils sont experts en jeux de mots, en calembours et en… kakemphatons. Ce terme kakem-phonique à l’écriture hérissé, provient du grec «κακεμφατός» (malsonnant) (pour vous donner un avant-goût. Cette malsonnance, cette boursouflure, ce cauchemar (en tous cas pour tous ceux qui vivent sous le même toit qu’un kakemphatoniste (rassurez-vous, ce n’est pas un mot correct), qui sont souvent en dépression) peut être involontaire, pour les débutants, qui préfèrent alors l’oublier : parfois de terribles confusions peut faire du proférant une coluche, une bête de foire… Mais souvent, le kakemphaton est voulu. Et arrêtons les préjugés : ce ne sont pas les gens les moins futés qui adorent user de cette figure stylistique. Les plus grands auteurs célestes ont aussi coutume d’en dompter quelques uns dans un funeste objectif… Citerons-nous Corneille, qui plaça des fesses même dans Polyeucte, Pellegrin, qui remplit de vingt culottes son seul ouvrage un peu célèbre, Victor Hugo… ?
À présent, un message solennel à tous les kakemphonistes : ne vous laissez plus jamais marcher sur les pieds ! Vous avez ici la preuve que tous les écrivains les plus fameux adoraient cette figure et la pratiquer est un bon début. Ce soir, autour d’un bol de tomates-cerises, faites des centaines de kakemphatons à vos invités. Ils seront hal-Lucie-nants ou Tristan-à en pleurer…
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