Mot 15 : vieux cœlacanthe
- La Peinture des Mots
- 6 nov. 2018
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Avec son orthographe hallucinante et son nom latin à même défriser Jean-Pierre Pernaut, le cœlacanthe (à prononcer "sélakant" mais surtout pas "kélakant" et encore moins "keulakant") est sûrement l'animal marin le plus intéressant à observer. On sait que la baleine bleue est l'animal le plus pesant du monde, que notre connaissance est limitée au point de n'avoir jusqu'ici jamais pu explorer quatre-vingt-dix pour cent des mers du monde mais nous sommes peu à savoir que l'animal toujours existant le plus vieux du monde vit dans la mer. Et quand je dis (j'écris) "vieux", je ne parle pas de la vieillesse d'un spécimen particulier, mais du temps qui nous sépare de l'apparition de cette espèce. Quatre cent-dix millions d'années. C'est-à-dire depuis cinquante-neuf fois plus d'années que nous, vulnérables êtres humains...
Le mot dont je parle est né dans la langue grecque, formé à partir de deux mots qui furent collés ensemble : "koilos" et "acantha" (creux et épine), ce qui donne une idée précise de l'apparence et du mode de vie de l'aïeul de la Terre. Entre son apparition et l'ère actuelle, les scientifiques ont constaté le cœlacanthe a très peu évolué, ce qui a valu à cet animal exceptionnel le surnom très insultant de "fossile vivant", à tort.
Avant sa "redécouverte" par les scientifiques dans la fin des années quatre-vingt-dix, on croyait cette espèce disparue. La "réapparition" du poisson le plus vieux du monde a causé un raz-de-marée (au sens figuré) ; parlons de "taxon de Lazare". Aujourd'hui, des dizaines de variétés cœlacathiformes sont exterminées de la surface (ou plutôt de la profondeur) du globe. Seules deux espèces menacées sont encore en vie mais restent cachés, de peur de disparaître à leur tour.
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