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Mot 25 : parhélie sournois

Dernière mise à jour : 27 nov. 2018

Il était une fois, dans un quartier bourgeois de Paris, une écrivaine qui se cachait. Elle se cachait parce qu'elle était dotée du sexe féminin. Elle se dissimulait sous l'audacieux nom de George Sand. Lorsqu'elle fut en âge de le faire, elle commença à écrire. Beaucoup. C'est ainsi qu'elle put publier ces livres qui la rendirent célèbres comme L'Homme de neige. C'est dans le troisième tome de cette série que l'on put lire ces quelques prosaïques phrases pleines de poésie et d'agilité : "Cinq soleils se levaient à l'horizon. Le vrai, le puissant astre était accompagné à droite et à gauche, au-dessus et au-dessous de son disque rayonnant, de quatre images lumineuses moins vives, moins rondes, mais entourées d'auréoles irisées d'une beauté merveilleuse."

En parlant des "cinq soleils", elle évoquait un phénomène qui passionnait les philosophes de la Grèce Antique comme Théophraste, qui, en -300 ans avant Jésus-Christ, écrivit le premier livre de météorologie au monde. Dans le vingt-neuvième fragment de ce qu'il en reste, Théophraste utilise un néologisme très scientifique pour l'époque, le parhélie, qui est, selon lui, un indice très clair du temps qu'il fera.

Pour former ce mot, on eut besoin de deux termes grecs : "para" (auprès) et "hélios" (soleil). Comme son étymologie l'indique, le parhélie, que l'on peut également nommer "faux soleil", "soleil double", "œil de bouc" ou encore "chiens du soleil", est une illusion d'optique assez rare. Pour la produire, il faut que le soleil soit à son apogée, à son zénith le plus élevé et que des reflets se projettent contre l'atmosphère. Si bien que le Soleil et ses leurres prennent l'apparence de perles lumineuses alignée sur un fil, le cercle parhélique.

Quant au sens figuré, car il en faut toujours un, du parhélie, il n'est pas difficile à deviner. La parhélie est un sosie, une copie, une grossière imitation amoindrie de quelque chose. Ce qui permet à cette mystérieuse maxime de prendre tout son sens : "La langue n'est qu'un portrait de l'homme, une espèce de parhélie qui répète l'astre tel qu'il est". À méditer...

La morale de l'histoire : ne vous fiez pas aux apparences. Un soleil peut en cacher un autre. Un halo peut avoir la forme et la luminosité du Soleil, ce n'en n'est pas forcément un. Un écrivain peut cacher une écrivaine. Il y a toujours anguille sous roche...

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